Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le chiffonnier à sept tiroirs
3 août 2015

Anna Karénine, de Léon Tolstoï.

J'ai redécouvert Anna Karénine avec enchantement il y a quelques années. Chaque phrase de ce livre est savoureuse. Les personnages en sont très bien brossés, qu'il s'agisse de Lévine, Kitty, Anna, Vronsky, ou de personnages apparemment moins importants. Le style de Tolstoï (pour autant qu'on puisse en juger d'après une traduction) me paraît tenir le juste milieu entre un Stendhal pour l'aspect ingénu et spirituel, et un Flaubert pour l'aspect réaliste. La société de l'époque est décrite très précisément : Tolstoï excelle dans les scènes de genre (dîner, chasse, courses, bal, mariage...) et sait les renouveler en leur apportant beaucoup de fraîcheur. L'auteur fait preuve d'une grande finesse psychologique ; il sait rendre ses personnages vivants, parfois en mentionnant un seul détail de leur physique ou de leur caractère. 

L'architecture de ce roman de moeurs est à la fois très savante et très discrète ; Anna Karénine n'est pas le personnage principal du livre, contrairement à ce que le titre pourrait nous faire penser. 
La structure repose en fait sur trois couples :
- Stépane Arcadievitch Oblonsky et Daria Alexandrovna ;
- Lévine et Kitty Chtcherbatzki ;
- Anna Karénine, d'abord mariée à Alexis Alexandrovitch, et qui deviendra ensuite la maîtresse de Vronski.
Ces trois couples sont l'occasion pour Tolstoï de livrer au lecteur sa vision du monde et de se livrer à une réflexion métaphysique, sans pour autant devenir didactique. 

Lévine et Anna sont deux personnages qui seront amenés à se croiser dans le roman, et qui, bien que très différents, sont les vecteurs d'une même interrogation sur le monde et sur ce qui fait le sens de la vie. Sauf que Lévine aura plus de chance qu'Anna, parce qu'il est un homme, et elle une femme, et qu'ils vivent dans une société profondément inégalitaire de ce point de vue là. 

Tolstoï a mis beaucoup de lui-même dans le personnage de Lévine, et il a su capturer à merveille l'essence d'Anna, ce personnage féminin si troublant, qu'il désapprouve d'un point de vue moral, mais qu'il justifie d'un point de vue romanesque. Même si Anna a un comportement que l'on ne peut juger qu'immoral pour l'époque, sa quête d'un sens à sa vie donne au personnage sa légitimité, malgré ses erreurs et ses errances.

Publicité
Commentaires
Le chiffonnier à sept tiroirs
  • Ce blog se propose - à la manière de ce meuble qu'on appelle "semainier" - de présenter tous les jours de la semaine une œuvre, un lieu, un bel objet... susceptibles de rendre notre quotidien plus harmonieux.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Archives
Publicité