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Le chiffonnier à sept tiroirs
10 août 2015

Guerre et Paix, de Léon Tolstoï.

 

J'ai découvert cette grande fresque romanesque et épique peu de temps après Anna Karénine.. La Préface de Guerre et Paix (au moins dans cette édition) est très intéressante, car elle nous signale les difficultés du traducteur à transcrire une oeuvre qui donne parfois - dans la langue russe - une impression de travail bâclé, en particulier au niveau du style.

Les ambitions de Tolstoï dans ce livre sont plus grandes que dans Anna Karénine, en ce sens que Tolstoï entend écrire autre chose qu'un roman de moeurs. Il livre une réflexion souvent intéressante et originale sur différents points historiques, philosophiques et métaphysiques.

Pour autant, l'aspect littéraire n'est pas négligé. Les personnages (qu'il s'agisse des Rostov, de Pierre Bézoukhov, du prince André Bolkonsky et de sa soeur Marie, et de bien d'autres) sont fort bien peints, même si l'on se perd parfois un peu dans ce fourmillement de personnages. 

Le livre retrace la guerre qui opposa les Russes à Napoléon ; les chapitres "intimistes" alternent avec les chapitres à la dimension plus épique. Napoléon fait l'objet d'un portrait contrasté, il est à la fois admiré et très sévèrement critiqué. Le général Koutouzov fait lui l'objet d'une tentative de réhabilitation. Les personnages sont tous porteurs des interrogations de Tolstoï sur le sens de la vie, et sont pour cette raison tout à fait attachants. 

Les scènes de bataille m'ont parues au début fort ennuyeuses, mais on finit par s'y faire, et on ne peut dissocier les intrigues à caractère individuel de la grande Histoire. Il est d'ailleurs intéressant d'avoir le point de vue des Russes et de Tolstoï sur Napoléon, point de vue qui vient compléter celui des Français à l'égard de leur Empereur. Tolstoï apparaît comme un auteur complémentaire à Stendhal et à Hugo. Ce qui est frappant, c'est que ces aristocrates russes qui nous sont dépeints dans le roman, sont imprégnés de culture française et parlent couramment cette langue, alors même qu'ils combattent Napoléon. 

L'adaptation avec Audrey Hepburn a vieilli, mais les scènes de bataille que le film retrace sont tout simplement excellentes. En revanche, le côté carton pâte du film peut faire sourire, et le jeu d'Audrey Hepburn et de Mel Ferrer n'est pas franchement transcendant, même si Audrey Hepburn est cinématographiquement très belle dans la plupart des scènes. Physiquement, elle est absolument parfaite pour remplir le rôle de Sonia Rostov, mais son jeu a quelque chose d'un peu mièvre et mécanique. En revanche, Henry Fonda est très bien. L'intrigue a malheureusement été simplifiée, et le choix d'Anita Ekberg pour le rôle d'Hélène peut sembler surprenant. Restent quelques belles scènes, et un film qu'il faut voir, malgré son aspect parfois désuet. 

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Commentaires
P
Bonjour Mushette, Merci pour ton commentaire. Je partage ton ressenti ; Guerre et Paix a certes plus d'ampleur qu'Anna Karénine, mais tout ce qui relève de l'histoire privée dans Guerre et Paix m'a moins convaincu que dans Anna Karénine ; et j'ai été moins interessée par tout ce qui relève de l'histoire collective ; or Guerre et Paix a besoin des deux - histoire privée et histoire collective - pour exister.
M
C'est vrai que l'on s'y perd un peu avec les personnages (surtout qu'ils sont cités sous différents noms). J'ai préféré Anna Karénine.
Le chiffonnier à sept tiroirs
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